Une It-girl en moon-boots Balenciaga descend d’un taxi jaune “Яндекс Drive”.
Sur Telegram, elle traque le dernier sac Chanel arrivé via Dubaï.
La femme Russe est experte en réseaux sociaux et naviguer entre glamour, fonctionnalité et confort fait partie de son ordinaire.
L’Éternel Féminin aujourd’hui s’est implémenté en .ru



Bolchoï oblige
Nuque étirée, omoplates serrées, démarche en demi-pointe même dans la file du métro. Avec un sac de courses dans chaque main, la verticalité demeure. Nul besoin de tutu pour reconnaître l’empreinte de la danse classique qui irrigue le quotidien.
Moscou est un catwalk : on y flirte avec l’excentricité sans jamais laisser tomber la ligne — savoir-se-tenir hérité du ballet Vaganova.
Et la garde-robe la plus schizophrénique du continent survit autant aux tourments de l’histoire qu’aux rigueurs du climat.



Flash-back accéléré
Les Empousa modernes intègrent et superposent, telles des matriochkis, l’héritage aristocratique, la rigueur soviétique, la logo-mania nouveau riche des années 90 additionné d’un casual chic sans égal dans le monde.
• Empire des tsars : broderies d’or et bottes en cuir de renne qui grincent.
• URSS : tailleurs gris spartiates et files d’attente pour un collant en nylon tchécoslovaque.
• 1990 : épaulettes façon Mobutu et parfum nouveaux roubles.
• Années 2020 : « quiet luxury » sous la neige, baskets de marque sur trottoirs verglacés, TikTok.
La mode russe n’enterre jamais son passé ; elle l’up-cycle et innove : grâce aristocratique en treillis, babouchka en techwear, tailleur Chanel vintage sur Doc Martens.
Et puis, il y a la diète beauté au quotidien : coiffeur, manucure et pédicure, parfums capiteux.

Les rues de Moscou : un catwalk sous sanctions
Depuis toujours, ici, la mode n’est pas frivolité mais arme de dissuasion climatique : à −20 °C, le café gèle immédiatement dans le gobelet et la coquetterie devient un sport de combat.
Un sport qui devient symbole de résistance géopolitique quand les grandes maisons occidentales désertent et que Bruxelles plafonne le luxe importé à 300 € pièce.
Face aux sanctions, les Russes ont légalisé le parallel import et font passer par Dubaï des montagnes de soieries et de sacs Vuitton.
Les plus friquées dégainent des « personal shoppers » basés à Istanbul ou Dubaï. Un sac Bottega à 1 800 $ peut entrer par la douane russe, étiquette “matériel orthopédique” à l’appui.
Et les escarpins Versace — 15 cm et douze sanctions américaines — claquent le pavé comme des Kalachs décoloniales. : à chaque fermeture d’enseigne occidentale répond l’ouverture d’un concept-store patriotique.
Le marché de l’habillement féminin, c’est près de 18 milliards de dollars en 2023. Et Wildberries comme Ozon livrent jusqu’au fin fond de l’Altaï !
Ici, le glamour sert d’armure
Message pour l’occident : vous pouvez frapper nos banques, jamais nos garde-robes.
Les femmes russes ne s’habillent pas : elles organisent la résistance sur TikTok et dans chaque placard avec une élégance de funambule sur un terrain miné et gelé.


Derrière le fugazi des apparences, on trouve le diamant brut des héroïnes spectrales. Celles qui nous ont donné des leçons de grâce et tournent en rond dans les têtes : la Tatiana de Pouchkine et sa lettre à Oneguine, la Sonia de Crime et châtiment, sainte et prostituée, le suicide d’Anna Karenine …
Même beauté mystique, mêmes âmes fortes aujourd’hui, cachées sous un VPN et la fourrure de grand-mère recyclée agrémentée d’une paire de baskets sous sanction.