Alors que personne en dehors de l’Occident ne veut sérieusement de son infâme « ordre fondé sur des règles » (le cadre normatif même de l’impérialisme), la gouvernance mondiale (sa composante performative) continue, hélas, d’avoir la faveur de certains cercles d’élites en dehors du cadre atlantiste stricto sensu.
Néanmoins, avec la montée de la multipolarité, la gouvernance tend à être moins globale et plus restreinte que jamais au magnifique jardin occidental qui, comme le dit Josip Borrell, est entouré d’une jungle hostile. Comme nous le savons tous : au pays de Candy, il y a les bons et les méchants !
Nous sommes donc dans la gouvernance de cette étrange mondialisation entre amis (Janet Yellen dixit).
Et à l’heure où l’on nous vend le rêve d’un capitalisme transformé en phalanstère universel de parties prenantes, Warren Buffett rappelle opportunément que sa classe de spéculateurs est en guerre contre les peuples et que, de surcroît, elle est en train de la gagner. Merci à lui de nous rappeler cet enjeu vertical de la lutte des classes à l’heure où l’on nous persuade qu’une logique horizontale de gouvernance bienveillante en réseau est en train de prendre le relais du capitalisme d’exploitation.
Il s’agit bien d’une « classe transnationale des riches » qui cherche à satisfaire ses propres intérêts au détriment de l’intérêt général.
Cette gouvernance prétendument « horizontale » a une réalité : un capitalisme de connivence et de surveillance moralisatrice organisé autour des seules valeurs et préoccupations de l’hyperclasse mondiale.
Cette gouvernance en réseau, totalement déconnectée du contrôle démocratique, nous l’avons vue à l’œuvre lors de la covid. Elle s’inscrit parfaitement dans les différents états d’urgence dont l’Occident n’est pas sorti depuis le 11 septembre 2001, états d’urgence qui vont restreindre les libertés.
Cette gouvernance n’exclut donc en rien l’existence du projet liberticide et antidémocratique de l’hyperclasse.
Du consensus de Washington au consensus de Davos
L’effondrement de la démocratie occidentale a une justification théorique liée à la dynamique même du mondialisme : Le trilemme de Rodrick.
Il a aussi une cause directe : le divorce consommé entre les élites apatrides et les peuples enracinés.
Le trilemme est parfaitement décrit par Rodrick : « La démocratie, la souveraineté nationale et l’intégration économique mondiale sont mutuellement incompatibles : nous pouvons combiner deux de ces trois éléments, mais nous ne pouvons jamais les avoir tous les trois simultanément et pleinement ».
La mondialisation exige donc des États qu’ils sacrifient au moins l’un des deux autres termes : la démocratie ou la souveraineté nationale.
Il faut noter ici que le compromis de Bretton Woods (la mondialisation était inconnue à l’époque) reposait sur la combinaison de la Nation et de la Démocratie.
Pour les mondialistes, il est essentiel de défaire le compromis de Bretton Woods, sans quoi la mondialisation devrait être sacrifiée. Les regrettables éruptions de populisme en Occident ont finalement plaidé pour le sacrifice de la démocratie et le maintien de bribes de souveraineté, notamment dans le domaine du maintien de l’ordre, l’État-nation ayant le bon format pour la répression.
Les sacro-saintes institutions démocratiques au service du capitalisme de connivence
Et il s’avère que c’est bien la démocratie qui pose problème : référendums européens, Gilets jaunes, Brexit, Trump : la coupe est pleine !
Bien sûr, le peuple n’aura plus jamais vraiment son mot à dire. Ils échangeront leurs libertés fondamentales contre une idéologie cotonneuse et abstraite et, bien sûr, des droits concrets perpétuellement extensibles et réservés aux minorités.
Comme l’a dit Mike Bentz dans une interview avec Tucker Carlson, les institutions démocratiques sont donc : les organisations (non plus inter-nationales mais mondialistes), l’armée américaine, les grandes banques, les grands médias et les ONG.
Il s’agit d’une dictature des comités et des minorités organisées.
Face à la montée des populismes nationaux, le consensus élitiste devient la nouvelle définition de la démocratie. Les accords se font entre institutions qualifiées de démocratiques, et si les ONG s’entendent avec la finance mondiale, le FMI, l’OTAN et le New York Times, alors ce qui sort de ce consensus est démocratique.
La gouvernance réticulaire : une horizontalité trompeuse
L’hyperclasse mondiale manipule les symboles (monétaires ou cognitifs) parce qu’elle est la source des flux internationaux d’argent et d’information. Bien sûr, elle a horreur du monde réel et, à bien des égards, le monde réel est un complot contre elle !
Cette caste a réussi, par l’intermédiaire de jeunes dirigeants, à mettre l’Etat à son service et ses missi dominici ont un pouvoir en dehors de toute fonction officielle (pensons à feu Kissinger qui menaçait les dirigeants de la planète entière et à Jacques Attali qui n’a jamais daigné être ministre).
Elle a développé (à Davos, qui est avant tout un forum de management) une version présentable du capitalisme de connivence : le capitalisme des parties prenantes.
Les « stakeholders » du nouveau compromis managérial sont censés (à quel titre ?) être des militants de la responsabilité sociale et environnementale. Leur rôle est d’imposer le respect des impératifs moraux de l’hyperclasse mondiale.
En ce qui concerne l’entreprise, ces parties prenantes pourraient être : Les actionnaires, les employés, les clients, les fournisseurs, les communautés, les investisseurs, les créanciers et, bien sûr, les médias.
Pour Davos, la liberté d’entreprendre et l’intérêt général sont des fétiches d’un autre temps, et le capitalisme de connivence, grâce à sa gouvernance en réseau, sera gravé dans le marbre.
Décisions publiques et arbitrages privés s’entremêlent et personne n’est en mesure de savoir qui fait quoi dans le processus de décision.
Bien entendu, l’hyperclasse mobilisera ses ONG et ses médias pour appeler au boycott de tous ceux qui pourraient être soupçonnés de promouvoir le racisme, le sexisme, l’homophobie, voire de blasphémer Gaïa.
Pour citer Schwab et Malleret : « A l’avenir, il ne sera plus possible de créer et de gérer une entreprise en se contentant de la « piloter », en se contentant de « diriger » les profits. L’intégration des préoccupations sociales et environnementales, le partage du pouvoir effectif avec les salariés sont inévitables, au détriment du pouvoir des actionnaires.
Ainsi, charbonnier n’est plus maître chez lui et vous ne possédez plus rien
Créer de nouveaux organes, pervertir les organes existants
À côté des instances de gouvernance issues du compromis de Bretton Woods, des acteurs non étatiques ont pris place (Forum économique mondial (WEF) en 1971, les fondations « philanthropiques » et la myriade d’ONG qu’elles financent) qui, d’une manière ou d’une autre, soutiennent l’agenda de la caste.
– Les organisations internationales ont dû s’adapter ou mourir, et il est désormais courant de considérer les nations comme des reliques barbares.
Les organisations internationales ont dû s’adapter ou mourir, et il est désormais courant de considérer les nations comme des reliques barbares, des reliques répugnantes de l’âge des ténèbres. des reliques répugnantes de l’âge des ténèbres de la vie tribale. Hybridées avec leurs « parties prenantes » (ONG et autres think tanks, médias, etc.), elles sont devenues une sorte de blob mondialiste qui s’attaque à toutes les souverainetés. Ce blob vit littéralement de l’impôt, détruit nos industries et nos paysages, et nourrit des guerres sans fin. Le premier exemple d’hybridation de blob est le Club de Rome, un club marqué par un malthusianisme obsessionnel. Première réunion en 1968.
– Les fondations : Elles permettent aux prédateurs mondiaux de blanchir leur réputation et de leur donner l’étiquette de philanthropes tout en leur permettant d’éviter de payer des impôts. Ils financent des ONG, des universités, des OI et tout ce qui peut contribuer à la réalisation de leurs objectifs.
– Les ONG sont un instrument permettant de contourner la souveraineté des États sous des prétextes humanitaires ou environnementaux. Censées représenter la « société civile », elles sont des outils majeurs de manipulation et de tromperie. Elles permettent de « dépasser l’autodétermination nationale ». Il suffit de penser à l’infiltration et au rôle des ONG de Soros : partout où la souveraineté politique et la stabilité sociale sont attaquées, on trouve les milliards de George (immigration de masse, décriminalisation des drogues, nouvelles normes sociétales, promotion des théories du genre, révolutions colorées, etc.)
– Les plateformes en ligne et les réseaux professionnels permettent aux représentants des ministères, des organisations internationales et des entreprises privées de rester en contact. Il existe au moins deux sites web du WEF réservés aux membres et inaccessibles au grand public. C’est une façon d’échanger et de préparer le monde de demain sans faire de vagues.
– Les partenariats public-privé entre gouvernements, entreprises, organisations de la société civile (établis au nom de « défis globaux » – changement climatique, santé, développement, etc.) sont des lieux ouverts à tous les compromis. ) sont des lieux ouverts à tous les compromis. Ils sont souvent les chapitres nationaux des blobs mondialistes.
– Les réseaux de villes et de collectivités locales : Les réseaux de villes et de gouvernements locaux, tels que le C40 Cities Climate Leadership Group, jouent également un rôle croissant dans la gouvernance mondialiste.
– Enfin, une mention spéciale pour les médias et l’industrie culturelle, propriété du premier cercle de l’hyperclasse. Des éditorialistes surpayés et une masse de journalistes précaires relaient les préoccupations et les passions des seules puissances d’argent. Les médias façonnent l’opinion, tirent les marrons du feu pour les riches qui les possèdent, souvent à l’initiative d’ONG, la fameuse « société civile ». C’est pourquoi la « classe riche transnationale » les achète.
Ces nouveaux organes de gouvernance sont tous interconnectés, tous occidentaux.
Les élites mondialistes et leurs valeurs
Ceux qui nous proposent une idéologie en échange de nos libertés ont des valeurs et un mode de communication qui reposent sur deux principes : la dramatisation de questions (forcément) universelles et la pédagogie du salut.
Le message tacite de cette idéologie a été claironné par le Club de Rome : le mode de vie produit par le capitalisme doit être préservé pour une minorité, car toute tentative de généraliser ce mode de vie à l’ensemble de l’humanité conduira nécessairement à l’effondrement du système. Les « mangeurs inutiles » épuisent les rares ressources naturelles ; ils doivent être éliminés. Le progrès industriel soutient la croissance démographique. La décroissance est donc la solution.
Le contraire du non-dit, c’est le dit : entrez dans la fable édifiante que nous vend Attali :
Dans « Devenir soi », Attali devient un coach universel de l’humanité, un champion ultralibéral de la tolérance. Il nous aidera à trouver le chemin de la pleine conscience et du « devenir soi » (il anime aussi un Forum de l’économie positive).
De nouvelles attitudes et valeurs doivent être adoptées : s’éveiller à la conscience du monde, adopter un mode de vie qui préserve les ressources naturelles, rechercher l’harmonie avec la nature…
Il faut voir pour croire l’étalage de bons sentiments et de droits de l’homme missionnaires qui règne dans cette caste ; c’est Esalen, une communauté hippie, le royaume du cringe !
Mais bien sûr, si vous êtes vilain ou simplement sceptique, il faudra vous exterminer !
D’où l’émergence de la culture du call-out, ou culture de la dénonciation des personnes dont l’expression est « problématique ». C’est la nouvelle Terreur que les bien-pensants mettent en place sous nos yeux : wokisme, censure et mort sociale pour les mal-pensants.
Et si votre État n’entend pas être un sujet heureux de ce Commonwealth planétaire, c’est un État voyou.
Mais Attali a parfois des éclairs d’honnêteté et sait revenir à l’essentiel :
« Au sommet de la pyramide se trouvent les « hypernomades », capables d’utiliser les technologies librement et sans intervention de l’État pour créer et manipuler l’information, les seuls à voyager physiquement et constamment d’un continent à l’autre. Au bas de la pyramide, les exclus : exclus de la société et de la technologie, les « infranomades », qui ne parcourent que quelques kilomètres pour trouver de quoi manger. Au milieu, une classe moyenne qui vivra par procuration, dans le virtuel, dans les distractions exacerbées par les nouvelles technologies, pour ne pas penser, pour ne pas se révolter ». Ces classes moyennes vivront dans l’espoir illusoire de rejoindre l’hyperclasse et dans la crainte bien réelle de tomber dans la classe des exclus. L’idéologie de Davos est conçue pour cette classe. C’est cette classe moyenne, nourrie par Le Monde et l’université, qui doit cesser de penser : la classe esclave qui fait tourner la matrice virtuelle (journalistes, créatifs, etc.) et qui doit avaler la pilule bleue.
Remarque : la population blanche encore majoritaire en Occident est divisée entre une classe moyenne en stress chronique (grande consommatrice d’opioïdes aux Etats-Unis) et un prolétariat (qui consommait ce qu’il produisait) transformé par la mondialisation en classe plébéienne (qui consomme des biens produits ailleurs).
Le cas français
Jusqu’à Macron, la tradition française voulait que les loges contournent la volonté du peuple. Cela prenait du temps, les frères devaient mettre au point les détails, puis faire passer leurs lois.
Et il fallait encore éduquer le vulgum pecus, tester l’acceptabilité de la marchandise dans le monde profane… Le processus était long et quelque peu artisanal, avec beaucoup de compromis. Aujourd’hui, toute forme de contrôle démocratique est complètement contournée, le vulgum pecus, la « bouche inutile », fume son joint devant Netflix et les directives mondialistes estampillées McKinsey sont votées à 49,3.
Le circuit de décision sous Macron pourrait être le suivant (cet exemple a été donné par Xavier Poussard, directeur de publication de la revue Faits&Documents) :
– Une action est décidée au sein d’un cénacle mondialiste (une task force de la Trilatérale. Par exemple : Task Force on Global Capitalism in Transition).
– Elle est exposée sous sa forme présentable au forum de Davos.
– L’Institut Montaigne (dirigé jusqu’en 2022 par le tristement célèbre Laurent Bigorgne, aux antécédents de tentative de viol et de consommation de cocaïne) l’adapte au capitalisme français et utilise ses relais médiatiques. Cet avatar de la Fondation St Simon (le programme de Saint-Simon était de remplacer le gouvernement des hommes par l’administration des choses) est financé par le CAC40.
– La mise en œuvre est confiée à des cabinets de conseil internationaux tels que McKinsey, qui vendent leur kit de gouvernance aux gouvernements occidentaux sans tenir compte de la culture locale. Cela donne l’impression que la prise de décision a été complètement déracinée aux yeux de la population.
Le mondialisme, c’est la misère des peuples tempérée par des massacres de masse comme ceux qui ont lieu aujourd’hui à Gaza et en Europe. Les mêmes humanistes et philanthropes poussent au meurtre de masse au nom de leurs valeurs dégénérées, censées être aussi les nôtres.
Il est grand temps que M. Borrell et les autres kapos de l’UE déguisés en jardiniers brûlent en enfer avec leurs normes (le soi-disant ordre international fondé sur des règles) et leur praxis (la gouvernance mondiale).